Le Chemin de Fer Reliant Djibouti à l’Éthiopie
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INTRODUCTION
La généralisation de la gestion à flux tendus, et le fractionnement des lots, qui correspondent aux deux grandes tendances d’évolution de la logistique moderne, ont contribué à favoriser l’essor rapide du transport routier.De même, la concurrence accrue et l’émergence de tarifs toujours plus compétitifs qui en résulte, ont considérablement renforcé l’intérêt de ce mode de transport par rapport aux autres.
Cependant, si la route réalisait 90% du tonnage transporté entre l’Ethiopie et Djibouti, elle éprouvait de plus en plus de difficultés à maintenir un très haut niveau de qualité. En effet, la saturation progressive des itinéraires routiers et autoroutiers, associée à la difficulté d’accroître la capacité de ce réseau, amenèrent les autorités et même les chargeurs à examiner la possibilité d’avoir recours à d’autres modes de transport, et, plus particulièrement le transport ferroviaire.
Le mode de transport par voie ferroviaire peut contribuer partiellement à absorber cette croissance des trafics et à lutter contre les méfaits de la route, mais il devient alors nécessaire que les sites expéditeurs et destinataires soient équipés d’un embranchement ferroviaire.
Ainsi, à Djibouti, l’importance des trafics de longue distance, due à l’éloignement de l’hinterland, constitue un véritable atout pour le développement du transport ferroviaire. Il est donc nécessaire de s’interroger sur ses capacités à concurrencer le transport routier, notamment en termes de compétitivité.
Enfin, la mise en service de transport ferroviaire entre Djibouti et Ethiopie entraine effectivement une diminution progressive du trafic des camions. Comment à évoluer le transport ferroviaire entre Djibouti et l’Ethiopie? et quelles sont les impacts depuis l’entrée en activité de la nouvelle ligne par rapport à ce dernier?
Evolution du chemin de fer entre Djibouti et Ethiopie
L’ancien chemin de fer et son déclin
Située au débouché de la mer Rouge, la République de Djibouti contrôle avec le Yémen le détroit de Bab-el-Mandeb entre la péninsule arabique et les côtes de l’Afrique de l’Est. Cette position géostratégique à la croisée de deux continents lui confère un statut de terre de rencontres.
Avant l’arrivée des puissances coloniales dans la Corne de l’Afrique, la relation commerciale entre la région et le reste du monde se faisait à travers quatre ports (Berbera, Massaoua, Zeyla et Tadjourah) dont le plus important était le port de Zeyla. Le transport terrestre entre ces ports côtiers et l’intérieur de la région était assuré par des caravanes de dromadaires. Lorsque les français s’installent dans la Côte Française des Somalis (CFS) et décident de créer le nouveau port de Djibouti en 1888, ils sont entrés en contact avec le roi de l’Ethiopie de l’époque, Ménélik, pour construire un chemin de fer entre Djibouti et Addis-Abeba, alors la nouvelle capitale du royaume éthiopien.
La ligne ferroviaire qui relie Djibouti à l’Ethiopie a été construite il y a environ un siècle, Puisque les travaux de construction ont débuté en 1897 pour prendre fin vers 1917. C’est une ligne à voie unique non électrifiée, longue de 781 Km dont 681 Km en Ethiopie et 100 Km en territoire djiboutien.
Le train améliore la capacité et la qualité de transport en permettant une massification importante et un accroissement sans précédent de la vitesse d’acheminement des marchandises. Cela a conduit les marchands et les commerçants de la région à se tourner vers ce nouveau moyen de transport et à abandonner peu à peu les caravanes de dromadaires. L’arrivée du chemin de fer accélère le développement du port de Djibouti qui attire de plus en plus de marchands et a réussi à se positionner dans un laps de temps très court comme le principal port de la région.
Le chemin de fer a, dès le début de son exploitation, connu une hausse régulière de son activité. Grâce à une gestion efficace et un programme continu de modernisation etd’entretien des infrastructures tout autant que le matériel roulant, il a pu fidéliser sa clientèle,accroître constamment son trafic, rembourser les prêts consentis par l’Etat français et reverserdes bénéfices substantiels à ses actionnaires dès 1923.
Cependant cette ligne de chemin de fer souffre de par sa configuration, d’un tracé et d’un profil assez sévères à plusieurs endroits de son parcours du fait du relief traversé. Partie de Djibouti au niveau de la mer, elle a dû traverser les hauts plateaux éthiopiens pour atteindre Addis-Abeba(environ 2400 m d’altitude).
Elle est donc construite à travers un terrain accidenté et présente des caractéristiques sévères avec des rampes atteignant 27% et des rayons de courbes de 120m. Cette situation limite la vitesse des trains et oblige les exploitants à de multiples tractions très pénalisantes pour un acheminement normal des marchandises. Le parc du CDE était composé en 2008 de 2 autorails, 9 locomotives dont 7 en service, de 22wagons passagers, de 248 wagons de marchandises et de 111 wagons citernes pour la plupart en très mauvais état. Cependant près de 50% du parc est défaillant et est également confronté un problème de défaut de disponibilité de pièces de rechange.
Le déclin de l’ancien chemin de fer
En 1977, au moment de l’indépendance de Djibouti, la guerre somalo-éthiopienne entraîne une première fermeture de la ligne. En 1981, une nouvelle compagnie d’exploitation est créée entre l’Éthiopie et Djibouti, dont la première détient 90% du capital mais où les décisions se prennent à l’unanimité (Traité djibouto-éthiopien de 21 mars 1981) . Le gouvernement français, qui n’a pas été associé à la distribution des bénéfices quand il y en avait, conserve la charge de l’apurement des obligations de l’ancienne compagnie, en particulier le remboursement des dettes et le paiement des pensions de retraite des cheminots français. Celles des cheminots djiboutiens et éthiopiens restent à la charge de leur pays respectif.
Le déclin de la ligne se poursuit, rythmé par les interruptions de circulation dues aux circonstances politiques. L’indépendance de l’Érythrée en 1993, et surtout la guerre érythréo-éthiopienne de 1998-2000, permettent à Djibouti de redevenir le principal débouché du commerce éthiopien. Mais le chemin de fer n’en profite pas, handicapé par un matériel obsolète, une ligne construite à l’économie et une gestion compliquée par les contraintes diplomatiques.
Il est remplacé progressivement par la route de Galafi, sur laquelle circule une noria de camions. Le trafic devient anecdotique dans les années 2000. Pour conclure cet ancien chemin de fer a fait face à beaucoup des problèmes, ce qui a causé son déclin comme nous l’avons vu précédemment. Maintenant nous allons continuer avec le nouveau train qui va permettre de le remplacer et donc améliorer les relations économiques et commerciales entre les deux pays (Djibouti -Ethiopie).
Le nouveau chemin de fer
Plus qu’un simple trait d’union entre Djibouti et l’Ethiopie, la nouvelle ligne ferroviaire électrifiée est un stimulant pour la croissance régionale selon les avis concordants d’experts africains et onusiens. La construction de ce réseau ferré, long de 752,7 kilomètres, a nécessité la mobilisation d’un investissement total de 4 milliards de dollars américains.
La mise en service de la nouvelle ligne électrifiée du chemin de fer, reliant l’Éthiopie et Djibouti, remonte au mois de janvier 2018. L’infrastructure ferroviaire facilite depuis l’acheminement des biens et des personnes dans les deux sens. Elle permet de réduire le trajet à une seule journée. Tant mieux dans la mesure où l’Éthiopie dépend en effet en grande partie du Port de Djibouti pour ses exportations et importations.
«Cela a beaucoup contribué vu que l’Éthiopie est un pays enclavé. Il fallait entre 6 et 7 jours pour ramener les marchandises par camion du port de Djibouti, mais il ne lui faut plus maintenant qu’une journée», affirme GedionJalata, consultant au Centre d’excellence internationale. La construction du nouveau réseau ferré djibouto-éthiopien, long de 752,7 kilomètres, a nécessité la mobilisation d’un investissement total de 4 milliards de dollars américains, dont 3,4 milliards de dollars pour le tronçon éthiopien de la ligne, qui a été financé à 70% par la China Exim Bank et à 30% par le gouvernement éthiopien.
Longue de 752 km, la nouvelle ligne ferroviaire relie la capitale éthiopienne AddisAbeba au port de Djibouti, capitale du pays éponyme, dans le golfe d’Aden. Il offre des services de transport de passagers et de fret. La plus grande partie du chemin de fer est située en Ethiopie, pays de la Corne d’Afrique. La ligne s’étend de hauts plateaux dans l’ouest à des déserts dans l’est. La grande différence d’altitude a été un des défis technologiques majeurs lors de la construction du projet.
Cette ligne de chemin de fer est la première ligne électrique du continent, alimentant les trains via des câbles placés au-dessus de la voie. Comparés aux locomotives à diesel, les trains électriques présentent une traction plus puissante et sont plus écologiques.
La vitesse de ce chemin de fer est de 120 km/h, ce qui semble peu pour les pays possédant des lignes à grande vitesse. Mais des trains plus rapides sont plus chers, tant pour leur construction que pour leur opération et leur maintenance, c’est pourquoi les experts affirment que la vitesse actuelle est la plus rentable au vu des niveaux industriels et des volumes de fret de l’Ethiopie et de Djibouti.
Avec un investissement total de 4 milliards de dollars, la ligne a été construite par China Railway Group et China Civil Engineering Construction Corporation, deux entreprises publiques chinoises. C’est le premier chemin de fer composé uniquement de normes et d’équipements chinois en dehors de la Chine.
Cependant, à l’inverse de la ligne Tazara, construite dans les années 1970 dans le cadre d’un projet d’aide extérieure par le gouvernement chinois, le chemin de fer Ethiopie-Djibouti est un projet commercial mené par des entreprises chinoises.
Cette nouvelle ligne ferroviaire permet de réduire le temps de voyage entre AddisAbeba et la ville de Djibouti de 7 jours par la route à 10 heures en train. Il fournit également à l’Ethiopie, pays enclavé, un accès plus facile au port de Djibouti. Il y a de grandes attentes pour ce chemin de fer, les gens espérant qu’il permettra de stimuler l’industrialisation le long de son tracé.
Les impacts du nouveau chemin de fer à Djibouti
- Gain de temps considérable
Cette électrifiée enterre définitivement l’ancien chemin de fer franco-éthiopien mis en service en 1917 et qui fonctionnait encore laborieusement sur le tronçon entre Dire Dawa (nord-est de l’Ethiopie) et Djibouti, au prix d’une lenteur proverbiale et de fréquents déraillements.
Elle permettra de réduire le temps de voyage entre AddisAbeba et la ville de Djibouti de 7 jours par la route à environ 10 heures en train, fournissant à l’Ethiopie, pays enclavé, un accès plus facile au port de Djibouti. Le chemin de fer devrait également aider à promouvoir l’industrialisation le long de son tracé.Le gain de temps est considérable, alors que 1 500 camions empruntent chaque jour cette route surchargée et mal entretenue, sur laquelle transitent près de 90 % des importations éthiopiennes. Et ce chiffre ne cesse d’augmenter à mesure que le pays, enclavé sans accès à la mer, se développe.
L’Éthiopie avait la plus forte croissance économique au monde en 2015 (10,2 %), mais celle-ci pourrait chuter à 4,5 % en 2016 en raison d’une forte sécheresse, selon le Fonds monétaire international.
- Booster l’économie nationale
Ce train représente un changement majeur. L’Éthiopie est l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique. La connexion avec les ports (de Djibouti) va booster notre économie et accélérer notre croissance”, assure Mekonnen Getachew, le responsable du projet pour la Compagnie ferroviaire éthiopienne (ERC).
La nouvelle ligne se veut aussi une vitrine de la technologie chinoise sur le continent. Les 3,4 milliards de dollars d’investissement ont été financés à 70 % par la banque chinoise Exim Bank. Deux sociétés chinoises, China Railway Group et China Civil Engineering Construction Corporation se sont partagé la construction.
Ce projet rentre dans l’optique de la réalisation des grands axes de communication qui doivent contribuer à l’amélioration des échanges commerciaux entre les pays de la Corne de l’Afrique et plus au-delà les pays de l’Afrique de l’Est et Centrale.
La nouvelle ligne de chemin de fer répond aux normes standards modernes. Elle permettra au transport ferroviaire de reprendre sa place centrale dans le système de transport. Pour ce faire, elle sera gérée conformément aux meilleures pratiques en vigueur dans le monde en termes d’efficacité et de rentabilité.
A la livraison de la ligne, d’une manière mécanique, une partie du trafic de poids lourds sera transféré vers le train. Lequel possède en effet des avantages comparatifs certains sur la route en ce qui concerne le transport régulier de marchandises sur une longue distance. Ces marchandises peuvent êtres chargées à bord des trains complets. Cependant le transport routier gardera une importance capitale dans les échanges économiques. Dans cette perspective, des grands investissements continueront à être consentis pour le renforcement des corridors routiers qui relient les deux pays, à la fois en République de Djibouti et en République Fédérale d’Ethiopie.
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